[Article rédigé par Alain Coupey]
Dimanche 10 octobre 2021, 10 h 30, nous sommes sur la commune de Baguer-Pican, près de Dol-de-Bretagne. Aucune visibilité, un brouillard épais recouvre la campagne, température fraîche autour de 10°C, vent nul.
Le parcours retenu, entièrement plat, a été mesuré avec une grande précision : 8,15220 km (méthode de l’IAAF), longueur connue au cm près.
Les bénévoles du club qui ont fait le déplacement sécurisent trois des virages du parcours, qui se trouve sur des routes départementales peu fréquentées le dimanche matin. D’autres bénévoles sont au chronométrage (Sam et Stéphane un pote de Simon), Adrien sur sa moto ouvre la route et François (un tonton de Sam) quelques dizaines de mètres derrière Simon, suit en voiture avec les warning. Les conditions idéales sont réunies pour Simon pour tenter de battre le record du monde de l’heure.
10 h 39, c’est parti.
Simon s’élance rapidement. Après quelques mètres il enclenche sa vitesse et disparaît dans la brume.
Les longues semaines de préparation physique, mentale et matérielle vont-elles payer ? Nous le saurons dans un peu plus d’une heure. Simon est déjà recordman du monde du 10 km en course (CFM de Montrond-les-Bains en novembre 2019). Son matériel est au top : cadre triangulaire réalisé sur mesure au Québec, pédales avec pédales automatique, jante en carbone, axe Schlumpf (deux vitesses). À propos de cet axe, le sien ayant rendu l’âme en septembre, a été remplacé par celui de Sam qui lui a prêté sa roue.
Le record chez les hommes appartenait à l’allemand Christoph Artman avec 32,230 km (Unicon 17 en 20174 à Montréal sur le circuit automobile Gilles Villeneuve). Ce record a tenu 6 ans et a été pulvérisé en 2020 par l’allemande Jana Tanenberger qui a roulé 33,182 km dans l’heure sur un circuit automobile loué par une chaîne de télévision allemande.
Les deux premiers tours de Simon sont bouclés en 14’32 » et 14’31 ». Il est parti est bien en ligne sur son mono et semble facile. L’allure est régulière, il est dans les temps du record. La question est : va-t-il tenir ?
Les 3e et 4e tours sont bouclés un tout petit peu moins vite en 14’46 » et 14’47 ».
Il passe la ligne à la fin du 4e tour en 58’37 ».
Il a déjà battu le record masculin. Il lui reste 1’23 » à rouler pour finir l’heure mais le règlement impose de boucler le 5e tour complet qu’il vient de commencer. La distance parcourue pendant 1’23 » sera calculée à partir de la vitesse moyenne du 5e tour, ce qui impose d’effectuer ce dernier tour entièrement et à fond. Dans ce cas la durée de l’effort va être prolongée de plus de 10′ après l’heure. Simon ne faiblit pas et le 5e tour est parcouru en 14’51 ». Aussitôt la ligne franchie, Sam, grâce à un petit programme prévu sur sa calculatrice, annonce quelques instants après l’arrivée que le record est battu d’environ 180 m. Le nouveau record est officieusement de 33,3653 km. Joie pour Simon qui reprend son souffle et allégresse générale ! Puis interviews par les deux journalistes (Ouest France et hebdomadaire Pays Malouin) présents qui ont suivi les 4 premiers tours dans la voiture suiveuse. Pendant ce temps le vent se lève, il était temps d’arriver car le vent est l’ennemi du monocycliste. Nous buvons un verre au bord de la route et nous assistons en direct au dégonflage du pneu !
Il reste au club à constituer un dossier présenté à la commission Word Record de l’IUF qui homologuera le record. Ce dossier comprend au moins 5 témoignages de personnes ayant assisté à la tentative (bénévoles et journalistes), le rapport des chronométreurs et le dossier de mesurage du parcours (à cet effet la D 282 conserve à tout jamais deux clous espacés de 500 m, distance ayant servi au calibrage du compteur Jones).
Et un record de plus pour Simon !
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