Voilà deux ans que je ne faisais quasiment plus de mono. Un peu par fainéantise, un peu à cause de problèmes aux cervicales, un peu à cause de problèmes de genoux (ça fait beaucoup de problèmes, me direz-vous...
). Et la semaine dernière, un cadeau m'est tombé du ciel, et j'ai eu l'opportunité de m'acheter un 24 pouces au CDK samedi sur la route des vacances à la montagne (quoi de mieux pour le tester ? 
) ! Il s'appelle Samson et sa première expérience a été de de glisser sur une pierre dans une belle descente...
Bonjour les soleils, le bleu énorme à la jambe et à la mâchoire et merci le casque, sinon je me fracturais le crâne... 
Bref, je roule aussi tôt le matin pour aller chercher le pain, et ça grimpe ça grimpe !
Mercredi je me suis aventurée un peu plus loin et Samson m'a menée à un carrefour où un panneau indiquait "Col du Mont Cenis". Sur le chemin du retour, une idée un peu folle a fait son chemin et le soir, me voilà la tête dans la carte pour me renseigner un peu sur cette fameuse D1006.
Depuis notre résidence dans le bas de Lanslevillard, 1Okm et 500m de dénivelé s'imposaient pour franchir ce col. Et le lendemain matin, à 7h50, me voici partie pour l'ascension du Col du Mont Cenis !
Je faisais des pauses régulières, et tout se passait bien. Mais au bout de 35 minutes et deux lacets franchis, étourdie que je suis, je me rends compte que j'ai oublié de rendre ses clés de voiture à mon père... Je fais alors vitre demi-tour et me vois forcée de faire deux kilomètres supplémentaires. Une fois à l'appart', je fais le plein de poches de s... De lait concentré, bien-sûr ! Et mon père me remonte illico-presto là où je m'étais arrêtée.Je franchis le troisième lacet plutôt facilement mais fais une pause pour ne pas m'essouffler trop vite. Mais celle-ci n'a eu comme effet que de me casser les jambes...
Le quatrième lacet a été beaucoup plus laborieux et avec le vent de face, d'autant plus que je voyais notre résidence tout en bas et que c'était vraiment vertigineux.
Mais je n'abandonne pas pour autant ; j'engloutis barres de céréales, lait concentré, et bonne humeur pour repartir sur de bonnes bases. Pourtant, je vois les bornes apparaître de plus en plus lentement... 6km...5km.........4km... Pente à 8%, 9%... C'est dur, j'en bave, je me vide, les pauses sont de plus en plus fréquentes, j'ai la tête qui tourne et je manque de m'évanouir plusieurs fois. Je ne peux même pas admirer la Dent Parachée pourtant très bien éclairée ce matin-là...
Enfin, j'atteins la borne des 2km !
Mais ce soulagement est de courte durée... Le vent a décidé de briser mon enthousiasme et mon rythme se voit alors ralentit. Je zigzague, j'avance péniblement de quelques mètres mais me vide de mes forces inutilement... Je crie pour extérioriser la fatigue et la douleur mais le vent a raison de moi ; je m'effondre sur le bas-côté, à un endroit où les automobilistes peuvent s'arrêter pour admirer le paysage... Dont je ne profite pas car ma vue devient trouble. Je m'allonge pour récupérer et attends que le vent s'adoucisse. Je mange et bois de la tisane, j'en profite aussi pour tartiner mes genoux de crème d'Arnica.Quinze minutes plus tard, la voiture de mon père et le reste de la troupe se montre et j'apprends que le vent ne faiblira pas. Dans un éclair de lucidité, je suis tentée d'abandonner mais mon grain le dit de persévérer.
Je remonte alors en selle, mais Monsieur le Vent s'acharne et je me vois forcée de m'arrêter à nouveau.
Je suis tentée d'appeler mon père à la rescousse mais chasse vite cette stupide idée de mon esprit : 
Avant de repartir, je me motive en parlant tout haut pendant quelques minutes. Je prendrai le temps qu'il faudra, mais je le monterai ce col ! 
Je fais une dernière pause environ 4OOm derrière la dernière borne kilométrique, puis repars. Le dernier virage franchit, je vois mes compagnons de vacances m'encourager et trouve alors les dernières forces pour foncer au panneau "Col du Mont Cenis - 2083m". Je m'effondre, et laisse même couler une petite larme...
Bref, il m'aura fallu 2h35 pour franchir ce col en 24 pouces et en manivelles en 150mm. Il m'aura fallu du temps, mais je suis tellement heureuse de renouer avec les joies du mono de cette manière !
Tout au long de l'ascension, j'entendais les automobilistes m'encourager, j'ai rigolé quand certains me proposaient de nous dépanner, moi et et mon vélo cassé, j'ai été touchée par ceux qui, me voyant sur le bas-côté, me demandaient si tout allait bien, et par ces cyclistes qui me soutenaient. Cet esprit fait chaud au cœur et donne la force d'aller au bout.
Après ça, je dormais presque debout, j'avais la tête qui tournait et je comprenais plus ce qu'on me disait...
Bref, j'étais morte quoi '-' Jamais je ne m'étais autant surpassée, jamais je n'étais allée au bout du bout de mes forces ! 
Aujourd'hui c'est le dernier jour des vacances en montagne, et je dois rester chez nous sans pouvoir randonner avec les autres au refuge du Caro ; pour moi c'est dodo et miam miam !
Voilà, je voulais partager cette expérience formidable avec vous !
A bientôt !
PS : z'êtes sûrs que c'est pas un mythe le coup du frein en montée ?
